Pourquoi la prédication exposant la vérité glorifie particulièrement Dieu
Ce message compte quatre parties. Premièrement, je donnerai quelques réflexions sur le genre de prédication que j’ai hâte de voir Dieu susciter en notre temps, le genre de prédication imprégnée de la gloire de Dieu. Deuxièmement, j’essaierai de décrire la gloire de Dieu qui accompagne ce genre de prédication. Troisièmement, je présenterai ma compréhension biblique de la façon de s’éveiller à cette gloire et comment nous sommes transformés par elle. Finalement, j’expliquerai comment tout cela nécessite une prédication que j’appelle exultation expositoire (la joie d’exposer la vérité).
Réflexions sur le type de prédication produite par l’importance de la gloire de Dieu
George Whitefield croyait à la prédication et y a consacré sa vie. Dieu a utilisé ses prédications pour accomplir une puissante œuvre de rédemption des deux côtés de l’Atlantique. Son biographe, Arnold Dallimore, a écrit une chronique des effets surprenants des prédications de Whitefield en Grande-Bretagne et en Amérique au 18ème siècle. C’était comme une pluie sur un sol desséché pour faire pousser des fleurs de justice dans le désert. Après avoir étudié la transformation du désert du temps de Whitefield, Dallimore a exprimé sa hâte de voir Dieu permettre cela à nouveau. Il crie à Dieu pour lui demander une nouvelle génération de prédicateurs comme Whitefield. Ses paroles m’aident à exprimer ce que je veux pour les générations de prédicateurs à venir en Amérique et partout dans le monde. Il écrit :
Oui… que nous puissions revoir la Tête de l’Eglise… appeler à lui certains jeunes hommes pour les utiliser dans son œuvre glorieuse. Quel genre d’hommes seront-ils ? Des hommes instruits dans les Ecritures, dont la vie est dominée par le sens de la grandeur, de la majesté et de la sainteté de Dieu, et dont l’intelligence et le cœur sont illuminés par les grandes vérités des doctrines de la grâce. Ce seront des hommes qui auront appris ce que signifie mourir à soi-même, aux ambitions et aux objectifs humains ; des hommes qui seront prêts à être considérés comme « fous à cause de Christ », qui supporteront le mépris et les fausses accusations, qui travailleront dur dans la souffrance, et dont le désir suprême sera non pas de gagner les accolades du monde, mais l’approbation du Maître lorsqu’ils paraîtront devant le trône de son jugement. Ces hommes prêcheront, le cœur brisé et les yeux remplis de larmes, et sur leur ministère Dieu déposera une extraordinaire effusion du Saint-Esprit ; ils seront témoins de signes et de prodiges et de la transformation de multitudes de vies humaines qui suivra.1
Instruit dans les Ecritures, éclairé par les vérités de la Bible et les doctrines de la grâce, mort à lui-même, prêt à travailler et à souffrir, indifférent aux accolades des hommes, brisé face au péché, et dominé par le sens de la grandeur, de la majesté et de la sainteté de Dieu. Dallimore, comme Whitefield, croient que la prédication est l’annonce de la parole de Dieu émise par ce genre de cœur. La prédication n’est pas une conversation. La prédication n’est pas une discussion. La prédication n’est pas un discours anodin sur un thème religieux. La prédication n’est pas un simple enseignement. La prédication est l’annonce d’un message imprégné du sens de la grandeur, de la majesté et de la sainteté de Dieu. Tout sujet sous le soleil peut être traité, mais il est toujours amené à la lumière éclatante de la grandeur et de la majesté de la Parole de Dieu. C’est ainsi que Whitefield prêchait.
Le siècle dernier, personne n’a incarné ce point de vue comme Martyn Lloyd-Jones qui a exercé son ministère pendant 30 ans à Westminister Chapel à Londres. Lorsque J. I. Packer était étudiant, à l’âge de 22 ans, il a entendu Martyn Lloyd-Jones prêcher tous les dimanches pendant l’année scolaire de 1948-49. Il a dit ne jamais avoir entendu de telles prédications. (Beaucoup de gens disent des choses stupides et dégradantes sur la prédication parce qu’ils n’ont jamais entendu de véritable prédication. Ils n’ont aucune base sur laquelle fonder leur jugement à propos de l’utilité de la prédication.) Packer dit que la prédication le touchait « avec la force d’une décharge électrique, apportant … une plus grande révélation de Dieu que tout autre homme qu’il avait connu. »2 C’est ce que Whitefield voulait dire. Oh, si Dieu suscitait des prédicateurs qui laissent à leurs auditeurs une sensation spirituelle de choc parce qu’ils ont été confrontés à une révélation de Dieu, au sentiment du poids infini de la réalité de Dieu.
C’est ce dont j’ai hâte pour notre époque et pour vous ; que Dieu suscite des milliers de prédicateurs au cœur brisé, et remplis de la Bible, qui soient concernés par le sens de la grandeur, de la majesté et de la sainteté de Dieu, révélées dans l’Evangile de Christ crucifié et ressuscité et régnant de son autorité absolue sur toutes nations et toutes armées, sur toutes fausses religions et tous terroristes, sur tous tsunamis, et toutes cellules cancéreuses, sur toutes galaxies dans tout l’univers.
Dieu n’a pas commandé la croix de Christ ou l’étang de feu3 afin de communiquer l’insignifiance du fait de diminuer sa gloire. La mort du Fils de Dieu et la damnation des êtres humains non repentis sont les cris les plus forts sous le ciel qui témoignent que Dieu est infiniment saint, que le péché est infiniment offensif, et que la colère de Dieu est infiniment juste, sa grâce infiniment précieuse. Notre vie brève, comme la vie de toutes personnes qui se trouvent dans notre église et dans notre communauté, conduit à une joie éternelle ou à une souffrance éternelle. Si notre prédication ne communique pas le poids de ces éléments à notre peuple, qu’est-ce qui le fera ? Les dessins animés ? La radio ? La télévision ? Les groupes de discussion ? Les conversations à la mode ?
Dieu a déterminé que son Fils serait crucifié (Apocalypse 13 :8 ; Timothée 1 :9) et que l’enfer serait terrible (Matthieu 25 :41) afin que nos témoignages soient les plus clairs possible, lorsque nous prêchons, pour exprimer le véritable enjeu. C’est le fait que le manteau du prédicateur est imprégné du sang de Jésus, roussi par le feu de l’enfer qui rend la prédication si sérieuse. C’est le manteau qui fait d’un simple orateur, un prédicateur. Pourtant, il est dramatique de voir que certaines des voix évangéliques les plus proéminentes de notre époque diminuent l’horreur de la croix et l’horreur de l’enfer, dépouillant la première de sa puissance qui lui permet de porter notre châtiment, et démythifiant l’autre en en faisant une description de notre déshumanisation et de la misère sociale de ce monde.4
Si seulement la nouvelle génération pouvait voir que le monde n’est pas dominé par le sérieux de Dieu. Il n’y a pas de surplus du sentiment de la gloire de Dieu dans l’église. Il n’y a pas d’excès de sérieux dans l’église à propos du ciel et de l’enfer, du péché et du salut. C’est pourquoi la joie de nombreux Chrétiens est infime. Des millions de gens s’amusent en regardant des DVD, des grands écrans TV, des jeux sur leur téléphone portable, ou des comédies grossières, pendant que les porte-paroles d’une des religions les plus importantes de monde écrit à l’Occident dans les grands journaux « la première chose à laquelle nous vous appelons est l’Islam… c’est la religion qui permet de faire le bien et d’interdire le mal dans les actes, les paroles et le cœur. C’est la religion du Jihad selon la volonté d’Allah afin que la parole et la religion d’Allah règnent de façon suprême. »5 Puis ces commentateurs louent publiquement les personnes qui commettent des attentats suicides et tuent les enfants en face des marchands de falafels en qualifiant leurs actes de chemin vers le paradis. Tel est le monde dans lequel nous prêchons.
Et pourtant, dans cette époque où Christ est diminué, où les âmes sont détruites, il est incompréhensible de voir des livres, des séminaires et des écoles religieuses ainsi que des spécialistes de la croissance des églises qui se sentent obligés de dire aux jeunes pasteurs : « Soyez plein d’entrain. » « Soyez drôles. » « Amusez votre auditoire. » Je réponds à cela : « où est l’Esprit de Jésus ? » « Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive. Quiconque en effet voudra sauver sa vie la perdra, mais quiconque perdra sa vie à cause de moi la trouvera. » (Matthieu 16 :24-25). « Si ton œil droit est pour toi une occasion de chute, arrache-le et jette-le loin de toi. Car il est avantageux pour toi qu’un seul de tes membres périsse et que ton corps entier ne soit pas jeté dans la géhenne. (Matthieu 5 :29). « Ainsi donc, quiconque d’entre vous ne renonce pas à tout ce qu’il possède, ne peut être mon disciple » (Luc 14 :33). Si quelqu’un vient à moi, et s’il ne hait pas son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et ses sœurs, et même sa propre vie, il ne peut être mon disciple » (Luc 14 :26). « Suis-moi et laisse les morts ensevelir leurs morts » (Matthieu 8 :22). « Et quiconque veut être le premier parmi vous, sera l’esclave de tous » (Marc 10 :44). « Craignez plutôt celui qui peut faire périr l’âme et le corps dans la géhenne » (Matthieu 10 :28). « Ils feront mourir plusieurs d’entre vous. Vous serez haïs de tous, à cause de mon nom. Mais il ne se perdra pas un cheveu de votre tête ; par votre persévérance vous sauvegarderez vos âmes » (Luc 21 :16-19).
Est-ce que le conseil donné à Jésus pour la croissance de l’église serait : « Sois plein d’entrain Jésus. Fais quelque chose d’amusant ! » Et pour les jeunes pasteurs : « Quoi que tu fasses, jeune pasteur, ne sois pas comme le Jésus des Evangiles. Sois plein d’entrain ! » De mon point de vue qui s’approche de plus en plus de l’éternité, ces derniers temps, ce message destiné aux pasteurs paraît totalement aberrant.
Un portrait de la gloire de Dieu
Votre attitude face à la nécessité et à la nature de la prédication dépend de votre compréhension de la grandeur et de la gloire de Dieu et comment vous pensez que les personnes puissent s’éveiller à cette gloire et vivre pour elle. Nous allons ici présenter un portrait de la gloire de Dieu et comment on s’éveille à cette gloire ainsi que comment elle nous transforme.
Du début à la fin de la Bible, rien n’est plus ultime dans l’intelligence et le cœur de Dieu que la gloire de Dieu, la beauté de Dieu, le rayonnement de ses multiples perfections. Chaque fois que l’action de Dieu est révélée, chaque fois qu’il dévoile le but ultime de cette action, le but est toujours le même : montrer sa gloire.
Il nous a prédestinés pour sa gloire (Ephésiens 1 :6)
Il nous a créés pour sa gloire (Esaïe 43 :7)
Il a élu Israël pour sa gloire (Jérémie 13 :11)
Il a sauvé son peuple pour sa gloire (Psaume 106 :8)
Il les a sauvés de l’exil pour sa gloire (Esaïe 48 : 9-11)
Il a envoyé Christ dans le monde afin que les païens louent Dieu pour sa gloire (Romains 15 :9)
Il commande à son peuple, qu’il boive ou qu’il mange, de faire toutes choses pour sa gloire (1 Corinthiens 10 :31)
Il enverra Jésus une seconde fois afin que tous les rachetés s’émerveillent devant sa gloire (2 Thessaloniciens 1 :9 -10)
La mission de l’Eglise est donc : « Racontez parmi les nations sa gloire, parmi tous les peuples ses merveilles! » (Psaume 96 :3)
Ces passages et des centaines d’autres nous conduisent à voir l’ultime engagement de Dieu. Rien ne peut affecter nos prédications comme le fait d’être marqués et de rester presque sans voix face à la passion de Dieu pour sa gloire. Ce qui est clair dans cette variété de différentes révélations est que Dieu se connaît parfaitement lui-même, et qu’il s’aime lui-même infiniment. Il est fidèle pour que cette expérience soit partagée, autant que possible, avec son peuple. Au-dessus de tout acte de Dieu flotte la bannière : « C’est pour l’amour de moi, pour l’amour de moi que je veux agir; car comment (mon nom) serait-il profané? Je ne donnerai pas ma gloire à un autre » (Esaïe 48 :11 ; cf.42 :8).
De toute éternité, le Dieu qui a toujours existé, qui est toujours resté le même, toujours parfait se connaît lui-même et aime ce qu’il connaît. De toute éternité il voit sa beauté et il savoure ce qu’il voit. Sa compréhension de sa propre réalité est sans défaut et son exubérance à apprécier est infinie. Il n’a pas de besoins, car il n’a pas d’imperfections. Il n’a pas de penchants vers le mal car il n’a aucune déficience qui pourrait le tenter de faire ce qui n’est pas juste. Il est donc l’être le plus saint et le plus heureux qui existe. Nous ne pouvons concevoir aucun bonheur aussi grand que le bonheur de l’infinie puissance qui se régale infiniment de l’infinie beauté de la relation personnelle de la Trinité.
C’est afin de partager cette expérience, celle de connaître et d’apprécier sa gloire, que Dieu a créé le monde. Il veut nous amener à le connaître et à l’apprécier tel qu’il se connaît lui-même et tel qu’il s’apprécie. Son but ultime est que l’essence de la connaissance qu’il a de lui-même et de la joie qu’il a en lui-même soit notre connaissance et notre joie, afin que nous le connaissions à partir de sa propre connaissance et que nous l’apprécions à partir de sa propre joie. C’est le sens ultime de la prière de Jésus dans Jean 17 :26 lorsqu’il demande au Père que « l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et que moi, je sois en eux. » La connaissance et la joie du Père du « rayonnement de sa gloire » dont le nom est Jésus-Christ (Hébreux 1 :3) sera en nous car Jésus est en nous.
Et si vous vous demandez comment le but de Dieu de partager cette expérience (de se connaître et de s’apprécier lui-même) est lié à l’amour de Dieu, la réponse est la suivante : Son but pour partager cette expérience est l’amour de Dieu lui-même. L’amour de Dieu est son engagement à partager avec nous la connaissance et l’appréciation de sa gloire. Lorsque Jean dit que Dieu est amour (1 Jean 4 :8, 16), il veut dire qu’il est dans la nature de Dieu de partager son appréciation de sa gloire, même si cela lui coûte la vie de son Fils.
Cela signifie que le but de Dieu de montrer sa gloire et notre plaisir face à cette gloire sont en parfaite harmonie. Nous ne pouvons pas honorer pleinement ce que nous n’apprécions pas. Dieu n’est pas glorifié pleinement par le seul fait d’être connu ; il est glorifié lorsqu’il est connu et apprécié si profondément que nos vies deviennent une représentation de sa valeur.
Jésus a dit deux choses pour mettre l’accent sur son rôle de nous donner la connaissance et la joie de Dieu. Il a dit : « Personne non plus ne connaît le Père, si ce n’est le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler. » (Matthieu 11 :27) Puis il dit : « Je vous ai parlé ainsi, afin que ma joie soit en vous et que votre joie soit complète » (Jean 15 :11). Autrement dit, nous connaissons le Père en connaissant le Fils, et nous pouvons apprécier le Père avec la joie du Fils. Jésus nous fait participer à sa propre connaissance de Dieu et à sa propre joie d’être dans la présence de Dieu.
Cela est visible dans notre monde, non pas principalement par les moments passionnés de louange communautaire le dimanche matin, aussi précieux que ces moments puissent être, mais par les transformations que cela produit dans notre vie. Jésus dit : « Que votre lumière brille ainsi devant les hommes, afin qu’ils voient vos œuvres bonnes, et glorifient votre Père qui est dans les cieux » (Matthieu 5 :16). La lumière qui brille au travers de nos actes et qui révèle Dieu aux hommes, là est toute la valeur de sa gloire.
Cela fonctionne parfois ainsi : Lorsque nous considérons la gloire de Dieu comme un trésor dans nos vies, nous n’amassons pas de trésors sur la terre, mais nous les dépensons pour que sa gloire soit répandue. Nous ne convoitons pas, mais nous débordons de générosité. Nous ne dépendons pas des louanges des hommes, mais lorsque nous le louons, nous nous centrons sur Dieu, plutôt que sur nous-mêmes. Nous ne sommes alors pas sous l’emprise du péché, des plaisirs sensuels, mais nous sectionnons leurs racines par la puissance d’une promesse supérieure. Nous ne nourrissons pas notre ego blessé ni nos rancunes ou notre désir de vengeance, mais nous remettons notre cause à Dieu et nous bénissons ceux qui nous haïssent. Chaque péché provient de notre échec à faire de la gloire de Dieu notre trésor au-dessus de toutes autres choses. Un moyen crucial et visible de démontrer la vérité et la valeur de la gloire de Dieu est donc notre vie de service humble dans un esprit de sacrifice qui découle de la fontaine de la gloire bienfaisante de Dieu.
Comment s’éveille-t-on à cette gloire et comment nous transforme-t-elle ?
Nous passons maintenant à la question de savoir de quelle façon nous sommes éveillés à la gloire de Dieu et comment nous en sommes transformés. Une partie essentielle de la réponse est donnée par l’apôtre Paul dans 2 Corinthiens 3 :18- 4:6. Il dit : « Nous tous, qui le visage dévoilé, reflétons comme un miroir la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur, l’Esprit. » Nous reflétons la gloire du Seigneur, et nous sommes transformés de gloire en gloire. C’est de cette façon que Dieu transforme les personnes à l’image de son Fils pour qu’elles reflètent la gloire du Seigneur. Afin d’être transformées de façon à glorifier Dieu, nous fixons nos regards sur la gloire du Seigneur.6
Comment pouvons-nous vivre cela ? (Et nous nous approchons très près des implications dans la prédication.) Paul explique dans 2 Corinthiens 4 :3-4 comment nous reflétons la gloire du Seigneur.
Et même si l’Evangile est voilé, il n’est voilé qu’à ceux qui périssent. Dans leur cas, le dieu de ce monde a aveuglé l’intelligence des incroyants, pour les empêcher de voir [voici l’accomplissement de 2 Corinthiens 3 :18] la lumière de l’Evangile de la gloire de Christ qui est l’image de Dieu.
Nous reflétons la gloire du Seigneur de la façon la plus claire et la plus cruciale dans l’Evangile. A tel point que Paul l’appelle « l’Evangile de la gloire de Dieu. » Ce qui signifie (et ceci a beaucoup de conséquences pour la prédication) que lorsque nous ne pouvons pas voir la gloire du Seigneur directement comme nous la verrons lorsqu’il viendra du ciel, nous la voyons le plus clairement dans sa Parole. L’Evangile est un message constitué de paroles. Paradoxalement, on écoute les paroles et on voit la gloire. Donc, Paul dit que nous voyons la gloire de Dieu, non seulement avec nos yeux, mais grâce à nos oreilles. « La foi vient de ce qu’on entend, et ce qu’on entend vient de la Parole du Christ. » (Romains 10 :17), car voir la gloire de Christ vient en écoutant et en écoutant la Parole de Christ.
Considérez comment cela a été exprimé dans la vie du prophète Samuel. Au temps de Samuel, il n’y avait pas de fréquentes visions du Seigneur (1 Samuel 3 :1), tout comme aujourd’hui nous avons soif de voir et de savourer la gloire de Dieu. Mais Dieu a ensuite suscité un nouveau prophète. Et comment Dieu lui est-il apparu ? De la même façon qu’il vous apparaîtra à vous et à votre peuple. 1Samuel 3 :21 : « L’Éternel continuait d’apparaître à Silo, car l’Éternel se révélait à Samuel, à Silo, par la parole de l’Éternel. » Il se révélait par la parole. C’est de cette façon que notre peuple reflétera la gloire du Seigneur, et sera transformé pour devenir le genre de peuple qui fera connaître sa gloire. Et Paul nous dit maintenant que la parole qui révèle la gloire de Dieu le plus clairement et de la façon la plus importante est l’Evangile (2 Corinthiens 4 :4).
L’appel implicite à « l’exultation expositoire »
Ceci m’amène finalement à conclure sur la prédication en tant qu’exultation expositoire ou l’exultation de l’exposition de la vérité. Si le but de Dieu est de démontrer sa gloire dans le monde, et si nous la reflétons parce que nous avons été transformés par la connaissance et par la joie qu’elle procure, et si nous connaissons et nous sommes joyeux parce que nous reflétons la gloire du Seigneur, et si nous reflétons cette gloire le plus clairement et de la façon la plus importante dans l’Evangile de la gloire de Christ, et si l’Evangile est un message qui passe par les paroles du monde, alors ce qui en découle est que Dieu veut que les prédicateurs expriment ces paroles. C’est ce que j’appelle l’exultation expositoire.
Chaque parole est importante. Elle expose la vérité, car il y a tant de points dans l’Evangile qui ont besoin d’être exposés (mis à la lumière, déroulés, élucidés, clarifiés, expliqués, présentés). Nous voyons cela lorsque nous nous concentrons sur cinq dimensions essentielles du message de l’Evangile.
L’Evangile est un message racontant des événements historiques : la vie, la mort et la résurrection de Christ. Notre devoir est de les mettre à la lumière en passant par une exposition minutieuse des textes.
L’Evangile est un message présentant ce que ces événements ont accompli avant que nous ayons expérimenté quoi que ce soit, avant même notre existence : Une fois la parfaite obéissance accomplie, le paiement de nos péchés, le retrait de la colère de Dieu, la venue de Jésus, le Messie crucifié et ressuscité et le Roi de l’univers, le dépouillement des dominations et des autorités, la destruction de la puissance de la mort, toutes ces choses nous devons les mettre à la lumière en passant par de minutieuses expositions des textes.
L’Evangile est un message qui exprime le transfert de ces accomplissements, de Christ à des individus au travers de notre union à Christ par la foi seule, sans considérer nos œuvres. Ceci nous pousse à présenter la nature et les dynamiques de la foi en exposant des dizaines de textes.
L’Evangile est un message des bonnes choses qui sont maintenant des réalités que nous vivons parce qu’elles sont l’accomplissement de la croix appliquée à notre vie en Christ : le fait que Dieu soit seulement miséricordieux envers nous plutôt que rempli de colère (propitiation), le fait que maintenant nous sommes considérés justes en Christ (justification), que nous sommes maintenant libérés de la culpabilité et de la puissance du péché (rédemption), et que nous sommes en position de devenir de plus en plus saints (sanctification) ; toutes ces choses, ces glorieuses réalités, nous devons les mettre à la lumière pour les personnes dont nous nous occupons semaine après semaine en passant par une exposition minutieuse des textes.
Et finalement, l’Evangile est un message présentant le Dieu glorieux lui-même en tant que notre trésor ultime, éternel et totalement satisfaisant. « Plus encore, nous nous glorifions en Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ par qui maintenant nous avons obtenu la réconciliation » (Romains 5 :11). L’Evangile que nous prêchons est « l’Evangile de la gloire de Christ qui est l’image de Dieu. » Si notre évangile n’atteint pas cet objectif, d’apprécier Dieu lui-même, et non seulement ses dons de pardon et de salut face à l’enfer pour l’éternité, alors nous ne prêchons pas « le message de la gloire de Dieu en la personne de Christ » (2 Corinthiens 4 :6). Notre ultime but est de connaître et d’apprécier Dieu. Comme nous l’avons vu au début de ce chapitre, c’est la raison pour laquelle nous avons été créés, afin que Dieu puisse partager avec nous la connaissance et le fait de l’apprécier tel qu’il est. C’est ce que signifie pour lui le fait de nous aimer. C’est ce que la croix a finalement obtenu pour nous. Et cela aussi, par chaque passage des Ecritures, entièrement inspirées par Dieu afin d’éveiller l’espérance de la gloire,7 appelle l’exposé le plus riche afin que les personnes puissent être nourries d’une meilleure nourriture céleste.
L’exposé du texte est essentiel car l’Evangile est un message qui arrive jusqu’à nous par la parole et Dieu a ordonné que son peuple voie la gloire de Christ, « la richesse insondable » de Christ (Ephésiens 3 :8), dans les paroles de l’Evangile. C’est notre appel : mettre à la lumière les paroles, les phrases et les paragraphes des Ecritures qui présentent « la gloire du Christ qui est l’image de Dieu. »
Ceci nous conduit au premier mot de « l’exultation expositoire ». Honte à nous si nous faisons notre exposé sans exultation, c'est-à-dire sans exulter à cause de la vérité que nous dévoilons. Lorsque Paul dit dans 2 Corinthiens 4 :5 « Nous ne nous prêchons pas nous-mêmes; c’est le Christ-Jésus, le Seigneur, que nous prêchons, » le mot qu’il utilise pour « prêcher » est kerussomen : nous annonçons Christ comme Seigneur. Le kerux, celui qui proclame, le prédicateur (1 Timothée 2 :7 ; 2 Timothée 1 :11) pourrait avoir à expliquer ce qu’il dit si son auditoire ne comprend pas (l’enseignement peut donc être nécessaire). Mais ce qui sépare le prédicateur, du philosophe et du scribe et de l’enseignant est qu’il annonce une nouvelle, et dans notre cas, une bonne nouvelle. Une nouvelle d’une valeur infinie. La plus grande nouvelle du monde.
Le créateur de l’univers qui est le plus glorieux et le plus désiré de tous les trésors de la terre, s’est révélé lui-même en Jésus-Christ afin d’être connu et apprécié à jamais par toute personne de ce monde qui accepte de baisser les armes de la rébellion, de recevoir son amnistie achetée par son sang, et de recevoir son Fils en tant que Sauveur, Seigneur et Trésor de leur vie.
Mes frères, ne mentez pas au sujet de la valeur de l’Evangile par la tiédeur de votre comportement. Le fait d’exposer la plus glorieuse des réalités est une glorieuse réalité. Si ce n’est pas une exultation expositoire, authentique, venant du cœur, alors quelque chose de faux est communiqué à propos de la valeur de l’Evangile. Ne dites pas par votre visage, par le ton de votre voix, ou par votre vie que l’Evangile n’est pas la gloire de Christ totalement satisfaisante. Car elle l’est. Et que Dieu suscite parmi vous une génération de prédicateurs dont les exposés seront dignes de la vérité de Dieu et dont les exultations seront dignes de la gloire de Dieu.
1Arnold Dallimore, *George Whitefield*, Vol. 1 (London: Banner of Truth Trust, 1970), p. 16.
2Christopher Catherwood, Five Evangelical Leaders (Wheaton: Harold Shaw Publishers, 1985), p. 170.
3Jésus dit dans Luc 22:22 que la croix a été « déterminée » [horismenon] par Dieu et dans Matthieu 25 :41 que les feux de l’enfer ont été préparés par Dieu « Ensuite il dira à ceux qui seront à sa gauche: Retirez-vous de moi, maudits, allez dans le feu éternel préparé pour le diable et pour ses anges. »
4Dans le paysage américain, considérez ce commentaire ahurissant de Joel Green qui bafoue la pensée que l’église a crue centrale dans l’Evangile et ce qui est fondé sur les clairs passages (Esaïe 53 :4-6, 8-10 ; Galates 3 :13 ; Romains 8 :3) : « Quel que soit le sens de l’expiation, il serait une grave erreur de penser qu’il s’agissait d’apaiser la colère de Dieu ou d’attirer l’attention miséricordieuse de Dieu… [L]es Ecritures dans leur ensemble ne fournissent aucun fondement au portrait d’un Dieu en colère qui aurait besoin d’être apaisé par un sacrifice expiatoire… Malgré tout ce qui peut être dit sur la compréhension de Paul de la mort de Jésus, sa théologie de la croix est dépourvue de tout sens développé de rétribution divine. » Joel Green, Recovering the Scandal of the Cross: Atonement in New Testament & Contemporary Context (Downers Grove: InterVarsity Press, 2000), pp. 51, 56. Du côté britannique, Steve Chalke appelle l’enseignement qui dit que Christ a porté la colère de Dieu à notre place “abuser de la confiance d’un enfant sur le plan cosmique” : « Le fait est que la croix n’est pas une forme d’abus de confiance d’un enfant sur le plan cosmique ; la revanche d’un père qui punit son Fils pour un mal qu’il n’a même pas commis. Que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur de l’église, les gens voient cette version tordue et douteuse sur le plan moral, comme une barrière à la foi. Plus profonde encore est l’idée qu’un tel concept est totalement contradictoire avec l’affirmation que Dieu est amour. Si la croix est un acte personnel de violence perpétré par Dieu envers l’humanité, mais portée par son Fils, alors cela fait une farce de l’enseignement de Jésus sur le fait d’aimer nos ennemis et de refuser de rendre le mal pour le mal. » The Lost Message of Jesus (Grand Rapids: Zondervan Publishing Company, 2004), pp. 182-183. N.T. Wright dit que la plupart ( et non toutes ) les références à l’enfer dans le Nouveau Testament ne parlent pas d’un endroit d’éternelle conscience de la souffrance, mais du fait que nous avons besoin d’une « reconstruction » ou d’une « reformulation » de la doctrine de l’enfer « de nos jours » : 1) Disant que les hommes utilisent leur « don de liberté » pour « se déshumaniser totalement, » et 2) en termes d’injustice sociale et de malheur : « Il y a une doctrine biblique égale et pourtant plus nécessaire de l’enfer en terme de vie sociale et communautaire des hommes sur cette terre. » Following Jesus: Biblical Reflections on Discipleship (Grand Rapids: William B. Eerdmans Publishing Company, 1994), pp. 95-96.
5Cité à partir de The Islam/West Debate: Documents from a Global Debate on Terrorism, U. S. Policy and the Middle East, édité par David Blankenhorn in First Things, March 2006, #161, p. 71
6Attention à ne pas dire : « ça ne marche pas » puis à se tourner vers d’autres techniques et à laisser tomber la façon dont Dieu fait les choses. Il se peut que vous puissiez changer les gens en utilisant des procédés différents du fait de voir la gloire du Seigneur dans la Parole de Dieu, mais est-ce que ce changement magnifiera la gloire de Christ ? Toutes les transformations n’honorent pas Christ. Paul émet cet avertissement dans les premiers mots de 2 Corinthiens 4 :3 : « Si notre Évangile est encore voilé, il est voilé pour ceux qui périssent. » En d’autres termes il admet que cet Evangile ne transforme pas tout le monde. Ceux qui périssent ne voient pas la gloire de Dieu dans l’Evangile. Paul ne change pas de stratégie pour autant. Nous ne devrions pas le faire non plus.
72 Timothée 6 :16-17 ; Romains 15 :4.